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LES DÉBUTS : 800 - 1052

« Un jour aux environs de Noël, vers l’an 800, un berger de la Goutelle conduisant son troupeau avait vu avec étonnement, à la source même de la Dureyze, un genêt tout en fleurs ; il en avait doucement écarté les branches, et, ô merveille, il y avait, au milieu, une statue de la Sainte Vierge assise sur un trône et tenant son petit enfant sur les genoux. Chacun voulut voir là, un prodige. On en informe le curé voisin, messire Rimaud (…) ; celui-ci, tout heureux, fit transporter la statue miraculeuse dans son église, à Saint-Christo. Les gens du pays arrivèrent en foule pour la vénérer, et à la nuit les portes de l’église furent soigneusement fermées. Grand émoi le lendemain ! La statue n’était plus là, et les portes étaient restées fermées ! C’étaient certainement les anges qui avaient repris leur Reine pour la déposer à nouveau à la source de la Dureyze, non sans s’être arrêtés un instant en chemin, car l’on voyait et l’on voit toujours la place où elle reposa sur le rocher qu’on appelle la Chaise de la Vierge. On la retrouva avec admiration là où le berger de la Goutelle l’avait découverte la veille, et on comprit qu’elle voulait être honorée en ce lieu. 

On lui éleva vite une chapelle, à l’endroit qu’elle avait choisi ; trop vite même, car cette chapelle s’écroula bientôt, un jour de Noël, après la sortie des vêpres, sans faire aucune victime. C’est pourquoi l’on chantait à Valfleury le "Te Deum" aux vêpres de Noël. » (Cf. récit fait par le Chanoine Berjat, Notre Dame de Valfleury, Lyon, 1931).

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LES BÉNÉDICTINS: 1052 - 1687

                              Le pèlerinage prend son essor sous le règne d’Henri I. Celui-ci « donna l’église de Valfleury à saint Robert (Robert de Turlande), abbé de la Chaise Dieu, par une charte de 1052 ; elle fut dès ce temps-là desservie par des religieux bénédictins sous le titre de prieuré de Valfleury ». (Cf. Bernadette Carcel,  La Vallée Fleurie, p. 19). Les moines y sont arrivés probablement en 1059 poussés par la nécessité d’accueillir un pèlerinage qui devenait florissant. Les moines donnèrent au prieuré le nom de Vallis Florida (Vallée Fleurie, Valfleury), en souvenir du récit merveilleux de la découverte de la statue de Marie. Le prieuré demeura sous l’autorité bénédictine de 1052 à 1687. Lorsqu’ils s’installèrent, les bénédictins trouvèrent « une chapelle correcte, mais ils durent y adjoindre les bâtiments nécessaires à la vie monastique, dont un petit cloître ». (Cf. Bernadette Carcel,  Op.cit. p. 20). Cette première chapelle romane devait être à l’emplacement de la crypte actuelle. Au fil des siècles, l’accroissement du pèlerinage semble entraîner un accroissement de la fondation. «… Nous savons qu’il y avait un cloître ; un vieux chemin au chevet de l’église porte encore son nom, chemin du Cloûtre ou du Cloître ; il y avait un pré du Cloître ; les anciens terriers nous parlent toujours du Cloître ; les legs pieux parlent aussi de plusieurs religieux ; les messes données sont nombreuses ; les moines qui vivent là sont très considérés ; leurs prieurs sont parfois de grands personnages. Le règlement observé est celui de l’abbaye-mère ; la prière, l’office liturgique, le travail manuel, les œuvres de bienfaisance remplissent la journée des religieux… » (Cf. A. Berjat, Notre-Dame de Valfleury, Lyon, 1931, pp. 17-18). Le développement du sanctuaire entraîne celui du village. Au XIIIème siècle (1262) il fallut y ériger un cimetière. 

 

La renommée du pèlerinage est important, on arrive à Valfleury par plusieurs chemins jalonnés de croix et la rue principale est appelée « rue de la procession ». Outre, pour le salut des défunts et la consécration des enfants à Marie, on se tourne vers la Vierge pour des circonstances diverses : se mettre sous sa protection avant de partir en guerre (ainsi Guillaume de Châteauneuf lors de la neuvième croisade, en 1275, parmi d’autres), obtenir des guérisons, obtenir l’arrêt d’épidémies. 

 

On observe des nombreux legs pieux jusqu’au XVème siècle. Puis, très peu de choses au XVIème. Ceci est révélateur de la misère causée par les guerres de religion. La vie monastique diminue et de nombreux monastères, dont Valfleury, tombent en commende.  En 1485 le prieuré de Valfleury fut unit à celui de Savigneux, près de Montbrison. Il n’y eut plus de religieux à Valfleury. Les prêtres séculiers reçurent le « bénéfice » en « commende », c’est-à-dire qu’ils percevaient les revenus du prieuré en y assumant, ou en y faisant assumer, le minimum de service spirituel. Toutefois, le pèlerinage continua : outre la présence d’un hôtel (« le Lion d’Or »), on sait par des actes du XVIème siècle qu’il y avait même adossés à l’église, des boutiques de marchands d’objets de piété. 

 

De 1585 à 1629 les terribles épidémies de peste poussent les populations en foule à venir en pèlerinage. « En 1629 la peste ravage toute la contrée et les chemins de Valfleury sont partout sillonnés par les processions de 52 paroisses qui ont été délivrées du fléau aussitôt qu’elles ont eu fait leur vœu à la Sainte Vierge » (Cf. A. Berjat, p. 25). En 1630 l’illustre historien jésuite, le P. Poiré, parle du « célèbre pèlerinage de Notre-Dame de Valfleurie » (Cf. A. Berjat, p. 24).  

 

                  Dès 1643 nous retrouvons le dernier prieur commendataire, Jacques Manis. En 1664 il demande à La Chaise-Dieu « d’envoyer des religieux pour faire le service dans lesdits prieurés de Savigneu et Valflorie » (A. Berjat, p. 27). Mais l’abbaye fut dans l’impossibilité d’y envoyer des religieux. Devant l’affluence des pèlerins à Valfleury et « convaincu qu’il n’y a qu’une communauté qui puisse desservir ladite église » Jacques Manis remet le sanctuaire aux Lazaristes (Congrégation de la Mission) le 22 novembre 1687.

LES LAZARISTES DEPUIS 1687

                                Le premier supérieur Lazariste du sanctuaire, M. Blanc, se donna tout entier au service de la Sainte Vierge, et fut reconnu comme un saint homme de Dieu. Ses restes reposent près de l’autel de l’église actuelle.

Il faudra attendre 1711 et une lettre patente de Louis XIV pour que le prieuré de Valfleury soit détaché de la Chaise Dieu et que les Missionnaires en soient propriétaires. Cependant, ce n’est qu’en 1744 que le Cardinal de Tencin prononça définitivement la séparation de Valfleury d’avec Savignieux et sa suppression comme prieuré. Les supérieurs locaux qui se succèdent à Valfleury donnèrent un grand essor au pèlerinage, en même temps qu’ils administrent avec soin les intérêts temporels » (A. Berjat, p. 34). M. Guillot, supérieur de 1740 à 1753, commence sur l’emplacement de l’ancien cloître les bâtiments du couvent actuel. Ils seront achevés (grand escalier et bâtiment d’entrée) par M. Palerne, supérieur de 1772 à 1786. Les travaux se feront jusqu’en 1785. L’église est agrandie et englobe désormais la source.

Les archives nous livrent trace de nombreuses donations pieuses, des guérisons (miracles), ainsi que des pèlerinages de confréries (celles de Rive de Gier et de St Pierre de St Chamond, entre autres).

 

Pendant la tourmente révolutionnaire le dernier supérieur local, M. Joubert, est jeté en prison. La Congrégation de la Mission (Lazaristes) est dissoute (par la loi du 8 août 1793), les bâtiments du couvent furent vendus à Messire Terrasson (ils seront rachetés quelques années plus tard par les Pères Lazaristes à l’aide de la vente d’un autre domaine et d’une collecte), l’église fut mise en vente et achetée par un « maître en chirurgie », M. Nicolas Barou, (lequel s’empressa à rendre l’église au culte lorsque les circonstances le permirent). Les vases sacrés, des lampes, l’encensoir, le reliquaire, une cloche et d’autres objets sont cachés dans la maison de Nicolas Barou (maison qu’il donna plus tard aux Filles de la Charité pour y établir un orphelinat, et qui est aujourd’hui la maison A.D.A.P.E.I.).  La statue de la Vierge fut cachée dans la maison d’un nommé Granotier et déposée dans une cave secrète. Les archives sont brûlées dont un registre contenant les faits miraculeux et grâces extraordinaires obtenus à Valfleury, et le crucifix est cassé.

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Dès le 8 décembre 1802 le culte fut rétabli et la statue de Notre-Dame fut remise sur son autel. Pendant le XIX siècle le sanctuaire de Valfleury prit un développement extraordinaire : le couronnement de la statue de Notre Dame par le Pape, la construction de l’église actuelle, les pèlerinages toujours plus nombreux. En 1809 Valfleury est érigée en paroisse. En 1833 M. Chaussat entrepris la restauration de l’église. En 1840 M. Lugan, Lazariste de noble famille, construisit l’église actuelle, dont il assure personnellement le financement total (35000 F). « Il en demanda les plans à celui qui devait devenir l’illustre architecte de Fourvière, M. Bossan » (A. Berjat, p. 43-44).

Lorsque M Lugan quitta Valfleury les travaux n’étaient pas encore finis. Son successeur, M. Nicolle, acheva la nef et la façade. L’église fut consacrée le 29 mai 1866 par l’archevêque de Lyon, le Cardinal de Bonald. M. Nicolle obtint du Pape Pie IX le Couronnement de la statue de la Vierge Marie. Par délégation de Rome, le Couronnement de la Vierge et de l’Enfant, se fit le 31 mai 1860 par Mgr Lyonnet, évêque de Valence (subdélégué de l’archevêque de Lyon). Outre les travaux son action pour le sanctuaire, M. Nicolle créa aussi l’œuvre de la Sainte Agonie en 1862, et jeta les bases d’une nouvelle Communauté religieuse, celle des Sœurs de la Sainte Agonie, dont le but était de se dévouer au soin des malades. Communauté reconnue aujourd’hui sous le nom de Sœurs de Gethsemani.

 

Pendant les épreuves de la guerre de 1870  Notre Dame de Valfleury devint la consolation des affligés. M. Courtade, successeur de M. Nicolle (1871), vit arriver des immenses pèlerinages, dont celui de St Chamond le 16 avril 1873 : « plus de huit mille personnes s’agroupaient autour de l’autel dressé en plein air » (A. Berjat, p. 47), après quatre heures de marche. Deux ans plus tard, le 17 mai 1875 ce fut le tour de St Etienne. Le 21 juin 1878, les Cercles catholiques de la région vinrent en procession. Les vitraux de l’église, dont le projet était conçu par M. Nicolle, furent posés entre 1876 et 1883. Pendant cette période M. Courtade fit les boiseries du chœur, la chaire et les confessionnaux. Son successeur, M. Naudin, supérieur de 1873 à 1879 acheva les aménagements intérieurs. Ce fut à son arrivée que fut établie à Valfleury une Communauté des Filles de la Charité qui ouvrit une maison pour des jeunes orphelines, et se chargea aussi d’un dispensaire de charité.

En 1880 M. Souchon, successeur de M. Naudin, fit élever le clocher et son beffroi, et installa le carillon dont la mélodie retentit encore aujourd’hui. Mlle Julie Philip, de Saint-Priest, donna l’horloge. Et en 1885 on y installa la flèche de pierre. Dans cette même période on construisit un Calvaire monumental, conçu et dessiné par l’un des Pères de la communauté Lazariste de Valfleury, M. Forestier, aidé par l’entrepreneur M. Voron, qui continua son œuvre et acheva l’ensemble des stations du Rosaire (Cf. A. Berjat, p. 49). A partir de 1899 M. de Bussy, supérieur de Valfleury, entrepris la construction d’un abri confortable pour les pèlerins. Il voulut à l’endroit vénéré sous le nom de « chaise de la Vierge » une statue monumentale de la Sainte Vierge et une tour observatoire. Il couvrit l’Eglise de plaques de marbre où furent gravés bon nombre des souvenirs liés à ce lieu de pèlerinage. (Cf. A. Berjat, p. 50).

 

En 1903 les Lazaristes quittent Valfleury, leur Congrégation n’était autorisée que pour les missions qu’elle possédait à l’étranger. La loi leur permettait néanmoins de rester propriétaires de leurs immeubles (le sanctuaire, le couvent, le domaine et une maison). Les Lazaristes cèdent donc aux prêtres du diocèse la charge de desservir Valfleury. Le diocèse nomme ainsi recteur du sanctuaire M. l’abbé Faugier. Le pèlerinage de la « Vallée fleurie » resta ainsi fleurissant. Des grandes manifestations religieuses furent organisées à l’occasion du 50ème anniversaire de la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception. Le 21 août 1904, Mgr Vidal, évêque missionnaire d’Océanie, bénit les stations du Rosaire. Le 19 juillet 1908, le chanoine Faugier est appelé comme Recteur de Notre-Dame de Fourvière, et quitte Valfleury, laissant le souvenir d’un homme qui avait su diriger et promouvoir ce lieu de pèlerinage. Il fut remplacé par M. Villebonnet, directeur du séminaire de Montbrison.Les 16 et 17 juillet 1910 on fêta avec le concours d’une foule considérable, le 50ème anniversaire du Couronnement de la statue de la Vierge. Les journaux évaluèrent à 50 000 les personnes qui prirent part à cette fête. Puis après les années troubles de la guerre, ce fut le retour des lazaristes.

M. Bourzeix, prêtre Lazariste et nouveau directeur de Valfleury fit construire à l’extrémité de l’allée des Pères un monument aux hommes tombés au milieu des champs de bataille. De nombreux pèlerinages furent organisés après la guerre... puis il y eut  la Seconde Guerre mondiale. Par la suite, M. Soustrougne (1955-1961) fit aménager en Chemin de Croix l’allée des Pères.

 

M. Sabatier (1961-1973) fit repeindre l’intérieur de l’église et eut la tâche délicate d’adapter les lieux et la marche du pèlerinage à la réforme liturgique qui suivi le Concile Vatican II. M. Sabatier se préoccupa de l’accueil des pèlerins : il aménagea « les salles des pèlerins » qui accueillent les groupes de passage (écoliers, collégiens, entre autres) ainsi que des rencontres festives. En 1990 les sœurs de Gethsémani reviennent à Valfleury. Leur rôle est surtout présence d’Eglise et prière.

Il faut rappeler que la Statue de « Notre Dame de Valfleury » est partie en pèlerinage au XXème siècle : En juin 1939, à l’initiative du cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, neuf Madones du Forez et du Beaujolais, dont celle de Valfleury, visitent des villages, lors du Congrès Marial de Lyon. En 1995, Mgr Joatton, évêque de Saint-Etienne, bénit la réplique de la statue miraculeuse pour qu’elle participe au Tour de France et d’Europe des "Vierges pèlerines".

En 1997 lors des Journée Mondiales de la Jeunesse (JMJ) en France, le diocèse de St-Etienne choisit comme lieu de rassemblement Valfleury. Le 15 août, Mgr Joatton préside l'Eucharistie avec une assemblée très nombreuse, multicolore et internationale, en présence du Frère Bernard Tardy, lazariste et recteur du sanctuaire. 

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                           Les lazaristes ont ainsi la charge du sanctuaire depuis 1687, avec deux périodes d’absence: pendant la Révolution [1792-1807] et pendant les années qui suivirent la Loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat [1903-1918]. En 2002, ils quittent le Sanctuaire. Le 8 septembre 2008, à la demande de Mgr Dominique Lebrun, évêque de St Etienne, les lazaristes reviennent dans cette maison, qui est aussi la plus ancienne de la Congrégation en France. Du 8 décembre 2015 au 20 novembre 2016, eut lieu le « Jubilé de la Miséricorde » voulu par le Pape François pour toute l'Eglise. A cette occasion, Mgr Lebrun choisit le sanctuaire de la Vierge au Genêt d'Or comme l'une des trois "portes saintes de la Miséricorde" de son diocèse. Ce fut une année où il y eut grande fréquentation à Valfleury.

Outre le très ancien et grand Pèlerinage du 15 août, tout au long de l’année, des pèlerins continuent à se rendre au Sanctuaire de Notre Dame de Valfleury. Certains de ces pèlerinages sont organisés par des diocèses ou paroisses, d’autres par des associations, d’autres par des écoles, collèges et lycées. Mais, il y a aussi des personnes seul ou en couple, des familles ou des petits groupes d’amis qui viennent se ressourcer au Sanctuaire tout au long de l'année. 

En période de pandémie de Covid-19, un Triduum "Dieu est Amour" a été organisé en juin 2020 pour aider les chrétiens à traverser cette épreuve dans la confiance en l'Amour de Dieu et de Notre Dame et pour se préparer à surmonter les conséquences à venir... c'est dans ce contexte que trois consécrations de la vie du Sanctuaire ont été faites: la première au Sacré-Coeur le vendredi 19 juin 2020 en la solennité du Sacré-Coeur présidé par Mgr Bataille, évêque de Saint-Etienne, la deuxième au Coeur Immaculé le samedi 20 juin 2020 et la troisième au Coeur de Jésus uni au Coeur de Marie le dimanche 21 juin 2020. Il y eut une belle participation des fidèles avec beaucoup de ferveur. Pour commémorer ces évènements importants, des plaques bénites et un bas-relief de Notre Dame du Genêt d'Or ont été installés au fond de l'église. Ci-dessous une vidéo rappelant l'essentiel de ce Triduum:

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Neuf mois plus tard, le 19 mars 2021, en l'Année saint Joseph décrétée par le Pape François, la vie du sanctuaire a été consacrée au Coeur Très Chaste de saint Joseph et, le 21 mars 2021, aux Coeurs Unis de Jésus, Marie et Joseph en présence de Mgr Bataille, évêque de Saint-Etienne. Grande ferveur!

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